LES ARTISAN·E·S DES DROITS HUMAINS

Femmes exilées et MGF

Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, les équipes du Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) géré par France terre d’asile à Blois et de l’aaatelier tenaient à mettre en lumière les parcours de résidentes au travers d’une série de publications.
Pour poursuivre cet état des lieux des droits et libertés des femmes exilées, ce Zoom revient sur la situationde ces femmes en France et de leur parcours au sein du système de droit d'asile français.
LES FEMMES EXILÉES VICTIMES DE MUTILATIONS GÉNITALES

→ 8 mars 2021

LES MUTILATIONS GÉNITALES FÉMININES (MGF), C’EST QUOI ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « la mutilation génitale ou excision désigne toutes les interventions qui ont pour but l’ablation totale ou partielle des organes génitaux externes de la femme ou leur lésion. »
Il existe différents types (allant de 1 à 4) de mutilations génitales féminines (MGF) qui désignent la clitoridectomie, l’excision, l’infabulation, ainsi que les incisions génitales et les brûlures.
Ces mutilations peuvent entraîner des hémorragies, des douleurs intenses, des infections, un risque accru de contracter et transmettre le VIH, des états de stress post-traumatiques ou encore des complications lors de l’accouchement.1

LES MGF EN CHIFFRES C’EST :

On estime que 200 millions de femmes (soit environ 17,5%) ont été victimes de mutilations génitales dans le monde.
Une femme est victime de mutilations génitales toutes les 4 minutes dans le monde, ce qui représente environ 3 millions de femmes par an.
Ces mutilations entraînent des séquelles physiques et psychologiques à vie et peuvent s’avérer mortelles. C’est une violation grave des droits de la personne et du droit à la santé ainsi qu’un motif d’obtention du statut de réfugié·e en France.et transmettre le VIH, des états de stress post-traumatiques ou encore des complications lors de l’accouchement.2

UN ACTE DE PLUS EN PLUS MÉDICALISÉ

A la suite de la pression exercée sur les pays où la pratique des mutilations génitales est présente, la pratique médicale de ces actes de torture a augmenté.
Environ une fille ou femme sur quatre ayant subi une mutilation génitale féminine (MGF), a été excisée par un·e personnel·le de santé, selon une nouvelle analyse de l’UNICEF.
« Les mutilations opérées par des médecins sont toujours des mutilations. Les professionnel·le·s de la santé formés qui pratiquent les MGF violent les droits fondamentaux, l’intégrité physique et la santé des filles (..) Médicaliser la pratique ne la rend pas sûre, morale ou défendable » a déclaré la Directrice exécutive de l’UNICEF, Henrietta Fore.3

UNE PRATIQUE INTERDITE EN FRANCE

En 1979, la France a été le 1er pays à pénaliser les MGF dans le monde occidental. L’incitation ou la pratique de mutilation génitale est passible de 5 à 30 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.
Les victimes peuvent porter plainte jusqu’à vingt ans après leur majorité (jusqu’à 38 ans).
Des chirurgies de réparation du clitoris sont désormais possibles pour les femmes majeures. Elles sont remboursées par la Sécurité Sociale depuis 2003. Plusieurs associations accompagnent ces femmes dans leurs démarches, notamment la maison des femmes de Saint-Denis qui possède une unité de soin dédiée.
En France, on estime que 60 000 femmes exilées ont subi des MGF et plus de 500 000 en Union européenne.4

LE RÔLE DE L’OFPRA

Depuis 2008, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) accorde une protection aux jeunes filles mineures menacées de mutilations sexuelles.
Ces jeunes filles sont amenées à passer des examens médicaux et sont entendues à travers les déclarations de leurs parents. C’est une épreuve psychologique lourde et difficile pour elles, nécessitant un accompagnement continu.

Au 30 septembre 2018, 7 300 jeunes filles étaient placées sous la protection de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides en France, en raison du risque de mutilations sexuelles qu’elles pourraient subir en cas de retour dans leur pays d’origine.5.

UNE VIOLENCE AU NOM DES TRADITIONS

Aucune religion ne préconise les mutilations génitales féminines.
Cette pratique perdure à travers des traditions profondément ancrées, fondées sur une conception culturelle du rôle de femme, de la sexualité et du mariage.
Les justifications avancées peuvent être notamment :

Les familles subissent une forte pression sociale qui joue entre autres sur les possibilités de mariages (suivant les mutilations) ainsi que sur le prix de la fiancée.

UNE VIOLATION DES DROITS HUMAINS

Cette pratique est une violation grave des droits humains et va à l’encontre de plusieurs conventions internationales et régionales. L’interdiction universelle des MGF par l’ONU se fait en vertu :

de droits de l’enfant

de l’interdiction des discriminations fondées sur le sexe

de l’interdiction des traitements ou peines cruels, inhumains ou dégradants

du droit à la santé

UN LONG COMBAT

De plus en plus de pays légifèrent et interdisent les MGF6, cependant cette pratique perdure notamment à cause de son ancrage dans les traditions.
En 2017, au Kenya, 5 lycéennes ont créé I Cut7, une application qui propose de soutenir les filles qui sont en danger en les mettant en contact avec des centres de secours et des aides médicales et juridiques.
Dans de nombreux pays où les MGF sont pratiquées, des associations (comme l’association malienne pour le suivi et l’orientation des pratiques traditionnelles – AMSOPT – créée en 1990) luttent contre ces mutilations et se battent notamment pour la scolarisation des jeunes filles qui est, selon elles, une des meilleures armes contre les MGF.

 

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