LES ARTISAN·E·S DES DROITS HUMAINS

Petit guide à l’usage de l’aaartisan consommateur

Les produits labellisés « responsables » envahissent nos rayons de supermarchés. Mais qu’est-ce qui se cache exactement derrière ces étiquettes ? Décryptage en 3 questions.

et → 28 novembre 2018

Café Max Havellar issu du commerce équitable, pâtes certifiées Agriculture Biologique (AB), tshirt en coton issu de Better Cotton Initiative (BCI)… Toutes ces appellations sont des exemples de labels dits « responsables » ou « durables ». Parfois seuls repères pour un consommateur qui souhaite faire de son achat un acte responsable (qui respecte les droits humains, qui tient compte de la protection de l’environnement, qui favorise le développement économique), ce foisonnement d’étiquettes nous laisse souvent perplexes quand vient le moment de prendre notre décision d’achat.

L’existence de labels responsables est liée à l’émergence de la notion de développement durable qui occupe une place essentielle au sein des droits humains.

C’est quoi exactement un label « responsable » ou « durable » ?

© Illustration de Paul Beaudenuit

Le label c’est ce logo ou cette étiquette rattaché aux produits sur nos étalages de supermarché. Il a pour objectif de nous transmettre une information sur le produit que l’on souhaite acheter. Dans le cas des labels dits « responsables », l’étiquette nous transmet une information qui se rapporte aux pratiques sociales, environnementales, ou éthiques qui ont permis que ce produit arrive dans un rayon de supermarché, c’est-à-dire le processus de production, et de transport en grande partie. Ainsi, la présence du label « Agriculture Biologique » sur mes tomates me renvoie à l’utilisation limitée de pesticides dans la production de ces dernières. Le logo Fairtrade/ Max Havelaar « Commerce équitable » sur ma tablette de chocolat me renvoie au paiement d’un prix minimum au producteur du cacao qui est est contenu dans mon produit. Chaque label possède sa propre définition de ce qui est responsable, et donc l’information transmise varie de logo en logo. De quoi nous rendre perplexes !

Trois types d’acteurs sont aujourd’hui à l’origine des labels « responsables » :

– Les États, institutions et organisations internationales

– Les entreprises

– Les organisations non gouvernementales (ONG), associations de consommateurs

Par exemple, le label « Agriculture Biologique » a été créé et est contrôlé par l’Union européenne en France, et le label Fairtrade que l’on connaît sous le nom de « Max Havelaar » le plus souvent a été créé par une ONG, et de plus en plus d’entreprises créent également leur propre label en partenariat avec d’autres acteurs. Par exemple, le label C.A.F.E Practices a été conçu par Starbucks et l’ONG Conservation International.

De l’ensemble de ces acteurs sont nés différents types de label qui ont défini leur propre méthode d’actions pour atteindre les objectifs d’un développement durable. Chaque label reflète donc une définition particulière du « développement durable ». Certains, comme le label Fairtrade, misent sur l’éthique en choisissant de privilégier une justice sociale par la création d’un prix minimum reversé automatiquement aux producteurs. D’autres comme le label « UTZ » présent sur les tablettes de chocolat, les paquets de café, les pâtes à tartiner à la noisette par exemple, s’attachent à augmenter la productivité des fermiers (dans un respect écologique) et à s’assurer qu’ils reçoivent une prime pour leurs produits, considérant que le développement économique amène le développement social. Enfin, d’autres labels, tels que le label « Agriculture Biologique », se concentrent exclusivement sur l’aspect environnemental. On trouve donc plusieurs catégories de labels « responsables » ou « durables », et chaque label a développé une philosophie d’actions différente pour atteindre le développement durable. En tant que consommateur, il est souvent difficile de percevoir ces différences avec une simple étiquette sur un emballage.

Et derrière l’étiquette, comment ça marche ?

Plusieurs logos, plusieurs significations mais un mécanisme de fonctionnement similaire (enfin plus de simplicité). Les pratiques environnementales, sociales et éthiques définies comme responsables par les labels correspondent à des critères d’action bien précis. Le respect de ces critères doit pouvoir être vérifié de manière très concrète par des processus de contrôle.

Ces critères concernent plusieurs types de pratiques :

L’ensemble de ces pratiques constitue une chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire le voyage d’un produit de nos supermarchés depuis son processus de fabrication jusqu’à sa commercialisation en magasin. (Pour plus d’information à ce sujet, voir le Zoom « Matières premières et droits humains »). Par exemple, pour un t-shirt fait de coton labellisé responsable, on s’assure que des critères au niveau agricole soient respectés comme une consommation raisonnée de l’eau, ou encore de l’absence du travail des enfants dans les champs de coton. Au niveau du processus de transformation du coton en t-shirt, on va notamment évaluer les conditions de travail des ouvriers présents dans les usines de transformation. Ces critères sont des normes volontaires, qui ont été définies au niveau international comme des bonnes pratiques. Les critères sont les mêmes d’un label à un autre car ils proviennent tous d’un organisme international, International Social and Environmental Accreditation and Labelling. La différence se situe dans la sélection de ces bonnes pratiques par les différents labels.

L’idée est, ensuite, de faire vérifier de manière indépendante et neutre l’application des critères établis par chaque label. Cela signifie que des personnes autres que les créateurs d’un label, et qui sont également externes au processus de production, de transport ou de transformation, interviennent pour évaluer le respect des normes qui ont été fixées. Si les critères sont respectés, alors l’emballage du produit issu du processus de production pourra contenir le logo du label pour lequel il a été contrôlé. Les processus de vérification présentent eux aussi des différences en fonction de chaque label en terme de fréquence de contrôle. Certains labels préconisent des évaluations chaque année, quand d’autres ne sont effectuées que tous les trois ans par exemple. A moins de se renseigner, impossible pour le consommateur de détecter toutes ces différences en regardant simplement un logo.

Du coup, c’est bien ou pas bien ?

C’est essentiellement à vous de juger. Avec ce petit guide, le but est de vous donner accès plus facilement à cette information qui vous manque quand vous êtes sur le point de prendre votre décision d’achat.

Ces labels sont nés de la volonté d’acteurs qui ont choisi de se saisir de la question du développement et d’agir. Les labels sont des outils qui nous donnent accès en tant que consommateur à plus de transparence sur les produits que l’on souhaite consommer. Certes, il existe beaucoup de complexité. Mais ils ont tout de même le mérite d’exister. A nous, consommateurs, de les mettre à l’épreuve. Cela nécessite une vigilance de la part du consommateur et un décryptage attentif de chaque label.

 

Prochain épisode : mon café Starbucks labellisé responsable, ça veut dire quoi ?

© Illustration de Paul Beaudenuit

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