LES ARTISAN·E·S DES DROITS HUMAINS

Quelle place pour les femmes dans l’espace public ?

➡ Les femmes et les hommes n’occupent pas l’espace public de la même manière.
Partant de ce constat, l'aaatelier a organisé une table-ronde à Rabat afin de s’interroger sur l’utilisation et l’occupation de l’espace public, l’égalité femme-homme, les diverses formes de discrimination et les voies pour une réappropriation de l’espace public afin de construire une ville plus accueillante et plus égalitaire.

→ 25 juillet 2018

Quelle place pour les femmes dans l’espace public ?

L’espace public est une notion complexe, holistique et multidimensionnelle. À la fois abstraite et concrète, la notion d’espace public se veut une représentation des rapports sociaux de pouvoir. Qu’il soit géographique ou virtuel, l’espace public est essentiellement politique. Lieu de partage, mais aussi espace de lutte, de ségrégation et d’exclusion, l’espace public est également un lieu d’appartenance, singulier ou collectif. Toutefois, ce sentiment d’appartenance possède une dimension genrée. En effet, les normes de genre pèsent sur la manière dont on s’approprie l’espace public et impactent la mobilité. Bien que les femmes aient depuis longtemps investi la sphère publique, la division traditionnelle hommes/public et femmes/privé persiste. Alors se pose la question de la légitimité des femmes dans cet espace.

Les femmes et les hommes n’occupent pas de la même manière l’espace public. Dans sa dimension géographique, cette inégalité peut s’expliquer par la conception même des villes et des privilèges qui en découlent. Pensons à l’éclairage des rues, au type de mobiliers urbains, d’équipements publics, aux noms donnés aux rues, aux places et aux parcs.

« Les hommes occupent et les femmes s’occupent. Les hommes peuvent flâner, s’asseoir sans rien faire sur un banc, alors que les femmes ne restent pas inactives et seules dans la rue. Elles vont d’un point à un autre, pour répondre à une fonction précise »1.

L’agression d’une jeune fille dans un bus à Casablanca, d’une femme à Tanger, d’un couple à Marrakech ou encore l’affaire des deux filles à Inezgane illustrent l’ampleur des inégalités en terme d’accessibilité et de sécurité dans l’espace public. D’ailleurs, l’enquête du Haut-Commissariat au Plan sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes réalisée en 2009 révèle que plus d’une femme sur trois en milieu urbain a subi des violences psychologiques (32,1%)2 .

La présence d’internet et des réseaux sociaux pose la question d’un espace public virtuel. Internet, qui s’est glissé dans la sociabilité des individus et de leurs échanges, bouleverse le rôle et le fonctionnement de l’espace public traditionnel, rendant poreuse la frontière qui séparait les institutions de l’espace public, les médias et les industries culturelles, d’une part, des échanges entre individus, d’autre part. En effet, l’espace communicatif que l’internet favorise et les modes communicationnels qu’il rend possibles sont multidimensionnels. L’internet devient une extension des médias de masse traditionnels, offrant des versions en ligne des télévisions, des agences de presse et des quotidiens. Par ailleurs, il permet aussi la communication de la masse vers la masse : un individu peut s’adresser à beaucoup d’autres via les sites web ou les courriels, ou encore, une pluralité d’usagers peut s’adresser à une autre pluralité via des plateformes comme Facebook, Instagram, Youtube ou encore les forums.

On ne peut donc plus penser l’espace public que dans une multiplicité de formes qui se mêlent, se répondent et qui doivent être examinées en réciprocité. Il est alors permis de se demander comment s’articule la dimension genrée de l’appropriation et de l’appartenance dans l’espace public désormais dématérialisé.

C’est dans ce contexte, que l’aaatelier – association franco-marocaine proposant une réflexion novatrice, décloisonnée et vulgarisée autour des droits humains – a organisé une soirée-débat sur la question de la place des femmes dans l’espace public urbain et virtuel.

Partant de deux constats, à savoir que l’égalité des sexes bénéficie à toutes et tous et que la pensée féministe prend ses racines dans les expériences vécues, cette soirée-débat a été l’occasion de s’interroger sur l’utilisation et l’occupation de l’espace public, l’égalité femme-homme, les diverses formes de discrimination et les voies pour une réappropriation de l’espace public afin de construire une ville plus accueillante et plus égalitaire.

L’aaatelier a réuni autour d’une table-ronde Nidal Azhary (Présidente de l’Union féministe libre), Loubna Bensalah (à l’origine de l’initiative « I walk with her »), Zainab Fasiki (illustratrice féministe) et Sonia Noor (artiste chanteuse), le 10 mai 2018 au Hiba_Lab (Café Renaissance) de 18h30 à 21h00 (Rabat, Maroc).

 

Communiqué de presse de l’événement

Lien de l’événement sur Facebook

 

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